Les étiquettes françaises ont des spécificités qui nuisent très souvent au développement de ces produits à l'étranger, notamment en Chine où la barrière de la langue atteint son paroxysme. En effet, les noms français sont très souvent imprononçables pour les chinois qui, du coup, se tournent vers des vins locaux ou venant de pays anglophones (Australie, États-Unis, Afrique du Sud) plus faciles à retenir. Ceci est d'autant plus accentué par le fait que les Chinois accordent beaucoup d'importance à l'apparence et ne peuvent se permettre de prononcer mal les noms et ainsi perdre la face devant des clients, des amis ou encore pire, leur femme.
Une chose est sure: un bon nom fait vendre. Par exemple, Moët& Chandon se traduit en Chinois Ming Yue, ce qui signifie « la joie de déguster un bon vin », Veuve Cliquot Ponsardin, Kai ge en Chinois et qui veut dire « Feter la victoire ». D'où le succès de ces produits lors des diners d'affaires chinois. Aussi Perrier-Jouët, dont l'étiquette est criblée de fleur, a pour nom chinois Ba li zhi hua « Fleur de Paris ».
Du côté des Bordeaux, Château d'Yquem, le plus connu des Sauternes, est traduit Di jin (goutte d'or) correspondant tout à fait à son image et à son prix. Le fameux Château Lynch-Bages, ayant le même nom qu'un célèbre chanteur Hong-Kongais,ou encore le Château Beychevelle, caractérisé par le drakkar sur son étiquette, s'appelle Long zhou (le bateau en forme de dragon) et sont donc très faciles à mémoriser pour les consommateurs chinois.
Mais ceux-ci sont des exceptions. La plupart des traductions ne se font que sur une base phonétique, n'ayant malheureusement aucune signification en Chinois. De ce fait, certains vins, pourtant de grande qualité, ont beaucoup moins de succès.
La majorité des producteurs français n'ont pas conscience de l'importance de la traduction de leur nom en chinois. Certains noms (dont le célèbre Château Lafite ou le Champagne Perrier Jouët cité ci-dessus) ont été déposé par des importateurs chinois qui ensuite créent leur propre gamme de produit sous le même nom. Ce qui bien évidemment, en plus de créer une confusion totale auprès des consommateurs, est loin d'être bénéfique pour l'image des Châteaux à long terme...